Notre mode d'organisation

En tant que groupe qui prétend faire société, sommes amené.e.s à prendre des décisions que nous souhaitons voir reconnues par tous et toutes. Pour prendre de telles décisions, de nombreuses solutions existent, et on peut les classer en deux grandes catégories : celles où on reconnaît l'autorité d'un sous-groupe de personnes, et celles où on compose sans cet outil à double tranchant.

Nous avons choisi la deuxième option : nous sommes des anarchistes. Cela veut dire que nous souhaitons l'anarchie, c'est à dire nous organiser sans chef.

En pratique, Sidéropolis fonctionne puisque nous avons un but commun, une éthique commune, et des méthodes pour décider comment arriver arriver à l'un en respectant l'autre.

Quelques considérations sur la définition de l'anarchie

Notre définition n'est certes pas ce à quoi on pense de prime abord dans la société actuelle, et pour cause, cela a effrayé diverses générations de chefs, qui ont eu la réaction – toute naturelle – de nous diaboliser. Cette contre-propagande est devenue encore plus importante ces dernières décennies, où des milliers et des milliers d’articles, de livres et de films ont été produits pour que le concept soit associé au chaos. Anarchique est devenu par manipulation médiatique, un synonyme de ce qui ne peut pas fonctionner ou de ce qui use de violence.

"Mais, sans chef, ça ne marche pas !"

Cette idée est en effet très répandue. Peut-être serait-il bon d'apporter une précision sur ce qu'est un chef1 pour pouvoir se comprendre.

Pour nous, un chef est une personne qui, soit par mandat du groupe, soit par la force, soit par la ruse, se retrouve dans une situation de pouvoir, c'est à dire dans laquelle le groupe reconnaît son autorité. Dans ce cas, si cette personne a un désaccord avec une autre, sa parole aura plus de poids auprès du groupe, et l'autre personne ne sera probablement même pas écoutée.

C'est là qu'apparaît la différence entre un chef et une personne à qui un groupe confie une responsabilité révocable et bien délimitée : dans le premier cas, le chef a autorité sur les membres du groupe, et dans le second, la personne doit rendre des comptes au groupe2.

On voit que dans une organisation sans chef, toutes les décisions d'ampleur sont prises en collectif, et qu'il est possible ensuite de mandater une personne pour s'occuper des détails. Cependant, on aura envie de dire qu'un tel processus est laborieux, et prend du temps. C'est vrai, et c'est heureux, cela évite de foncer tête baissée, et de devoir faire machine arrière – il est souvent plus difficile de corriger ses erreurs que d'éviter de les commettre. Comme l'ont dit des personnes respectables,

Seul.e, on va plus vite, mais ensemble, on va plus loin.

Des précisions quant au vocabulaire

Même si ce sont tous deux des adjectifs, "anarchiste" et "anarchique" ne recouvrent pas les mêmes réalités :

Dans quelques lignes, il sera écrit organisation anarchique et pas organisation anarchiste, la nuance est importante. Dans une organisation démocratique électoraliste, les fascistes, les anarchistes, les royalistes,… n’ont pas le choix : ils et elles doivent se plier au système des élections démocratiques pour participer à la société. Dans notre système anarchique, idem ! Les démocrates électoralistes, les fascistes, les royalistes,… ne pourront mécaniquement pas proposer leurs chefs pour représenter autrui.

De même qu'il existe une multitude de systèmes se proclamant des démocraties, on ne peut compter les formes d'organisation anarchique. Un détail intéressant cependant, toutes visent à ce que le groupe s'organise au mieux, c'est lui qui a le pouvoir. Si on regarde à l'échelle d'une "nation", le groupe est un peuple, et le pouvoir au peuple, c'est exactement ce que veut dire "démocratie" ; malheureusement, dans les systèmes appelés ainsi sur Terre à l'heure actuelle, le seul pouvoir qu'on puisse prétendre qu'ait le peuple, c'est de décider au profit de qui il le perd.

L'organisation de Sidéropolis est donc anarchique (et ainsi "démocratique" au sens premier), mais cela ne suffit absolument pas à la décrire : il faut pour cela préciser notre but, l'éthique que nous partageons, et la méthode qui nous permet d'allier les deux pour en tirer des décisions concrètes.


  1. on notera que ce mot est au masculin, parce que l'Histoire n'a retenu qu'une majorité d'hommes qui, lorsque la confiance leur est retirée, refusent de céder les responsabilités qui leur ont été confiées... 

  2. la similarité avec l'idéal démocratique est assez frappante, mais dans tout état se proclamant démocratique sur notre planète, les personnes mandatées se font appeler "dirigeant.e.s", sont extrêmement difficile à déloger quand elles outrepassent leur mandat, et enfin, leurs responsabilités sont bien trop élargies pour qu'on puisse se dire qu'on souhaitait vraiment leur faire confiance sur tous ces points. Sans bien sûr compter les manipulations médiatiques au moment des distributions de mandats et les biais des systèmes électoraux. Dans les deux cas, on désigne une personne en lui accordant un pouvoir décisionnaire, mais les limites de ce pouvoir changent : soit on fait des choix génériques et d'ampleur sans réelle écoute du groupe, soit les choix concernent des détails restreints de l'application de décisions prises collectivement. On voit ici qu'il suffit d'avoir un but commun au groupe pour qu'une organisation collective puisse émerger, là où on aurait l'habitude qu'un chef émerge pour définir lui-même les directions suivies collectivement.