Le fer comme outil d'émancipation,
l'émancipation collective comme but

À Sidéropolis, nous nous organisons autour de notre haut-fourneau dans le but d'aller vers un mieux-être de l'humanité. Le choix spécifique du travail du fer est délibéré, nous pensons qu'il est un préalable à tout changement sociétal en profondeur qui concernerait plus qu'une minorité de privilégié.e.s¹.

Ne plus être dominé.e.s par le fer

Nous sommes actuellement dans l'âge du fer, ou en tout cas dans une de ses prolongations. C'est donc encore le principal métal utilisé par la civilisation mondialisée actuelle, et pas un objet autour de nous n'a été fabriqué sans fer. Ainsi, qui ne sait pas (plus) le produire est dépendant de qui en vend. Cette dépendance nous rend plus soumis que par celle en toute autre marchandise, excepté peut-être les denrées alimentaires. En tant qu'anarchistes, nous n'aimons pas dépendre des capitalistes, ni des impérialistes, car nous sommes convaincu.e.s que ces personnes utiliseront ce rapport de forces à mauvais escient. C'est pour cela que nous avons choisi ce matériau clé comme support de notre action.

Évidemment, on pourrait simplement renoncer au fer. Mais nous ne connaissons personne qui ait fait ce choix. Nous entendons donc produire le fer qui sera utilisé pour bâtir une nouvelle industrie², pensée pour produire les outils essentiels de la vie des personnes qui nous entourent, en pensant, pour une fois, notre mieux-être long terme à toutes et tous avant le profit immédiat.

Décider de notre travail

Ainsi nous travaillerons le fer, et nous n'entendons pas, du moins pas pour l'instant, sortir des concepts de travail et de rémunération ; ici les deux seront décidées de façon collective et horizontale – anarchique donc. Le village de Guémédié nous a invité à nous installer sur son sol parce que nous souhaitions que Sidéropolis fournisse des moyens de subsistance aux personnes qui y travaillent, et subsister, dans notre société mondialisée, passe par dépenser de l'argent, que l'on gagne au travail.

Certes, il est possible de s'extraire de cela. Si d'aventure au cours d'une de nos réunions d'organisation nous décidions que la rémunération n'est plus un outil que nous souhaitons employer, et par exemple que toutes nos ressources sont mises en commun, à titre individuel, moi qui écris cette page, Tom, j'en serais ravi. Mais il n'est pas question que quoi que ce soit allant dans ce sens soit décidé avant que le haut-fourneau soit fonctionnel, et que Sidéropolis fasse réellement partie de Guémédié – et donc que les personnes ayant insisté pour que nous nous installions ici décident de nous rejoindre pleinement dans le groupe de décisions³.

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Le mieux-être de l'humanité implique certes de ne plus dépendre soi de personnes qui ne souhaiteraient pas avant tout notre bonheur, mais aussi suppose que nous ne serons pas nous-même les haïssables despotes d'autres personnes. Cela ne nous semble possible qu'à certaines conditions ; ou en tout cas il y a certaines choses qui iraient à coup sûr dans le mauvais sens, dont nous entendons nous prémunir : nous nous sommes donné.e.s une éthique.