Une éthique comme socle sur lequel fonder nos décisions
Pour éviter d'aller par mégarde à l'encontre de notre but, nous formulons une éthique, qui concerne la société humaine et l'environnement dans lequel elle s'inscrit, et qui est pensée en miroir de ce qui nous fait horreur dans le monde actuel. Elle n'est bien entendu pas immuable, mais l'idée reste néanmoins de ne pas revenir sur ce qui est nous permet de ne pas blesser, mais de seulement ajouter de nouveaux garde-fous.
Préserver les personnes
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Au sein de Sidéropolis, tout groupe de personnes ciblées par une même oppression systémique1 pourra se réunir et prendre, pour son émancipation, des décisions auxquelles le reste de notre collectif devra se plier (permettre une voie de sortie des oppressions) ;
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Nous soutiendrons nos camarades travaillant le fer de manière artisanale dans les environs en ne leur faisant pas de concurrence par notre industrie (allier artisanat et industrie ; ne pas attaquer le commerce de proximité) ;
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Toute personne souhaitant se former à Sidéropolis pour reproduire notre système sera la bienvenue (faire circuler les savoirs) ;
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Toute personne qui travaillera pour Sidéropolis pourra décider de nous rejoindre (ne pas précariser en sous-traitant) ;
Préserver notre environnement
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L'extraction ou la production des ressources que nous utiliserons aura lieu sur place (ne pas délocaliser, contrôler l'éthique de la chaîne d'approvisionnement) ;
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La récolte du minerais, des arbres nécessaires au charbon et de l'argile pour la construction préserveront la couche arable du sol (prioriser la vie sur la technique), en particulier nous planterons des arbres fertilitaires ;
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L'extraction du minerais laissera inchangée la superposition des couches du sol (ne pas exhumer des matériaux toxiques), et se fera en surface2 ;
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Les bâtiments que nous construirons seront situés sur des terres incultes ou seront dégradables en temps court (ne pas artificialiser les sols) ;
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Tous nos outils seront dégradables sans danger dans le milieu où ils seront utilisés (ne pas produire de "déchets ultimes"), en particulier nous ne ferons pas d'alliage métallique utilisant des métaux toxiques, ni visant à empêcher la dégradation de nos outils3 ;
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Les gaz rejetés par notre haut-fourneau et four à charbon seront rebrûlé (réduire les émissions d'autres gaz que ceux initialement captés par nos arbres, et de particules fines combustibles), sur ce point de l'aide serait la bienvenue ;
Rester anti-consuméristes
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Nous fabriquerons seulement des outils dont on sait qu'ils ont un sens, parce qu'ils nous auront été demandés (ne pas "créer de besoin") ;
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Toute personne qui souhaitera obtenir un de nos outils devra visiter Sidéropolis, pour avoir conscience de ce qu'il a été nécessaire d'accomplir pour le produire (garder conscience de l'amont de la chaîne de production).
Une fois posées les conditions non négociables de la fabrication de nos outils, sans lesquelles leur production pourrait faire plus de mal que de bien, reste à dire comment nous comptons, dans les fait, nous organiser pour les produire !
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Nous tenons à rappeler que le racisme anti-blanc n'existe pas, et que, point plus consensuel, dans ce contexte, être atteint d'albinisme n'implique certainement pas d'être compté dans la catégorie des personnes blanches... ↩
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Récolter le minerais en surface évitera aussi les accidents de mine, produire du fer ne justifiera jamais d'aller mourir sous terre... ↩
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Nos outils sont comme toutes les choses du monde : ils vieillissent, se dégradent, et retournent à un état préexistant ; vouloir briser ce cycle est illusoire. Nos outils s'usent en servant, puisque c'est ce que veut dire le mot "usage". Si leurs matériaux persistent une fois que leur forme les rend inutilisables, ce sont des déchets. On peut préserver leurs matériaux autrement pendant le temps où la forme convient, par un entretien régulier. Ainsi tout ce qui ne sert pas – et n'est donc pas entretenu – se dégrade, et cela incite également à ne pas accumuler de choses non nécessaires, puisque leur préservation prend du temps. ↩